Une gamme diversifiée de bulbes de Limag Une gamme diversifiée de bulbes de Limagne

« Nous sommes au bout de la plaine de la Limagne, à la limite des contreforts des montagnes du Livradois. Une petite région surnommée "la Toscane auvergnate" », explique Pierre Choffrut, en dévoilant un horizon à 360° du haut du chemin de garde d'une tourelle moyenâgeuse plantée au coeur d'Espirat (Puy-de-Dôme). Ce bâti tout à fait remarquable fait partie de l'exploitation. « Nous y avons aménagé un magasin de vente et nous y faisons des démonstrations de tressage d'ail pour nos visiteurs durant tout l'été », poursuit le producteur associé avec Nelly, son épouse.

SYSTÈME SPÉCIALISÉ

L'ail rose, dit « de Billom », est une culture ancienne qui devient importante vers 1850 et connaît son apogée après la Seconde Guerre mondiale. La Limagne comptait 2 000 ha d'ail en 1960. « Le précieux bulbe était une monnaie d'échange pour les producteurs de la région. » Intarissables sur un sujet aimé qu'ils maîtrisent, Pierre et Nelly conjuguent la vente de leur production à la mise en valeur et au partage d'un territoire riche d'histoire. « Notre seul regret est de nous être convertis totalement à ce métier un peu tard. Mais nous avons toujours été des "paysans de coeur" », souligne Pierre.

De fait, la reprise de l'exploitation parentale de Pierre se réalise en deux temps. Nelly succède la première à son beau-père en 1992. Ell est rejointe en 2002 par Pierre, qui quitte un poste de cadre commercial aux Economats du Centre pour se consacrer à l'exploitation, sur laquelle il a toujours beaucoup travaillé. « Nous avons agrandi la surface de 15 ha à 25 ha, et la part des bulbes de 1 ha à 5 ha. Cette culture exige une rotation sur cinq ans, pour des raisons sanitaires », précise le couple, qui plante plusieurs variétés, des plus précoces jusqu'aux plus tardives, pour étaler la production. La récolte manuelle et le conditionnement nécessitent une main-d'oeuvre saisonnière. « En choisissant de spécialiser notre système dans cette production, il fallait créer de la valeur ajoutée pour survivre, explique Pierre. C'est passé par la transformation et la vente directe. » Les acquis de vingt ans de salariat dans le commerce, pour Pierre, et dans l'accueil hôtelier avec une parfaite maîtrise de l'anglais et de l'espagnol, pour Nelly, les aident dans leur activité de vente et d'accueil. Les touristes étrangers sont nombreux.

DES CLIENTS FIDÈLES

Une clientèle locale est fidélisée grâce aux magasins. « Nous voyons revenir des gens chaque mois pour faire "un plein" d'ails et d'oignons qu'ils ne pourraient pas conserver dans de bonnes conditions chez eux. » Le couple ne fréquente pas de marchés, mais une dizaine de fêtes à thème dans l'année (foire de la pomme, fête du bleu d'Auvergne...) dans le Puy-de-Dôme, le Cantal, la Corrèze, le marché de Noël de Saint-Etienne. Des magasins de produits régionaux et des petites GMS sont livrés en direct. Un contrat important est passé avec une centrale d'achat régionale basée à Clermont-Ferrand. « Nous avons trouvé un terrain d'entente avec des gens corrects. La qualité de notre production et la notoriété des bulbes de Limagne aident à bien les positionner, commercialement parlant. Mais les paysans doivent réinventer des filières et être indépendants. Si nous confrontons aujourd'hui le coût de production de l'ail à près de 3 €/kg et son prix d'achat à 2 €/kg dans la filière classique, mise à mal par des importations massives d'ail produit en Chine, cela ne passe pas ! », expliquent Pierre et Nelly.

Ils font partie de l'association de producteurs La Jonquille, précurseur des circuits courts depuis plus de vingt ans. « Nous sommes fiers de notre production et d'un métier qui est un choix de vie. » Le couple cherche un associé pour remplacer Pierre, dont le départ à la retraite se rapproche. L'aménagement de la tour médiévale en gîte compte parmi ses projets.

[summary id = "10027"]